Le ciment bas carbone promet de changer la donne. L’inventrice du LC3 explique pourquoi

Enfant, Karen Scrivener adorait construire des maisons avec des Lego. Elle a dix ans quand elle aide son père à bâtir la maison familiale dans la banlieue de Londres.  

« Nous avions de gros blocs de béton. Pour les niveler, nous devions fabriquer de petits cercles de béton puis poser les blocs dessus. Il me payait dix pence de l’heure », raconte-t-elle dans un éclat de rire.

Après des études à l’université de Cambridge et à l’Imperial College de Londres, elle travaille dans l’industrie du ciment, puis devient professeur à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), en Suisse. C’est là que la chercheuse mettra en application sa passion d’enfance pour les matériaux de construction, en révolutionnant la fabrication du ciment. Son invention, le LC3, promet de changer la donne dans le champ de la construction durable, en particulier dans les marchés émergents, qui représentent plus de 90 % de la consommation mondiale de ciment.  

En remplaçant le ciment Portland utilisé traditionnellement par un mélange d’argile calcinée et de calcaire, Karen Scrivener a créé un ciment à faible teneur en carbone qui est aussi solide et durable que le ciment classique. L’un des grands avantages de la technologie LC3 est qu’elle utilise les mêmes équipements et processus que le ciment traditionnel, ce qui constitue un atout de poids pour les marchés émergents.  

Fabrication du béton à partir du ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Fabrication du béton à partir du ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Fabrication du béton à partir du ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Fabrication du béton à partir du ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Fabrication du béton à partir du ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Fabrication du béton à partir du ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Fabrication du béton à partir du ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Fabrication du béton à partir du ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

Ciment LC3. Crédit photo : Projet EPFL-LC3.

À l’instar de l’Inde, notamment, où 25 millions de personnes auront besoin de nouveaux logements d’ici 2030, observe Karen Scrivener, en soulignant « le rôle essentiel du béton pour satisfaire une telle demande ».  

Près de Jhansi, en Inde, où le ciment LC3 a été testé et mis à l’essai, la scientifique a construit avec son équipe une maison « témoin » qui a permis d’économiser 15 tonnes d’émissions de CO2. Elle travaille actuellement avec la DDC, l’agence de coopération internationale de la Confédération suisse, et des partenaires locaux en Inde pour y industrialiser la production de ce nouveau ciment bas carbone.  

À 97 ans, son père vit toujours dans la maison qu’il a construite avec sa fille dans les années 1960. Un ouvrage qui témoigne de la permanence d’un matériau sur lequel la chimiste Karen Scrivener travaille depuis quarante ans pour mettre au point de nouveaux types de ciment qui ont le potentiel de fournir des logements durables à des millions de familles dans certains des pays les plus pauvres du monde.  

« Nous ne pouvons pas nous passer du béton, mais nous pouvons considérablement réduire son empreinte carbone », assure-t-elle. « L’enjeu est de construire des logements pour tous, pour ne laisser personne sans un toit. » 

Publié en novembre 2023