Une ordonnance pour de meilleurs équipements médicaux

Le Programme pour l'accès aux équipements médicaux en Afrique (ou AMEF pour Africa Medical Equipment Facility) aide les cliniques et hôpitaux du continent à acheter les appareils nécessaires à la prise en charge des patients.

Un technicien utilise un échographe à la Polyclinique centrale d'Adobo, à Abidjan (Côte d'Ivoire).

Un technicien utilise un échographe à la Polyclinique centrale d'Adobo, à Abidjan (Côte d'Ivoire).

Un technicien utilise un échographe à la Polyclinique centrale d'Adobo, à Abidjan (Côte d'Ivoire).

Les cris des nouveau-nés ne dérangent pas Ariane Kouassi Coulibali. D'ailleurs, cette sage-femme aimerait bien voir naître plus de bébés dans la clinique où elle travaille à Abidjan, en Côte d'Ivoire.

« C'est merveilleux de voir un bébé qui crie et qui est en bonne santé », dit-elle.

Néanmoins, pour mettre au monde un bébé en bonne santé, il faut des soins prénataux de qualité et notamment des appareils d'échographie qui sont rares en Côte d'Ivoire, comme dans la plupart des autres pays d'Afrique. Il y a aussi très peu de scanners et d'appareils d'IRM, l'un des systèmes les plus utilisés dans les pays développés. En Côte d'Ivoire par exemple, on compte un appareil d'IRM pour 1,5 million d'habitants. (À titre de comparaison, selon l'OCDE, les États-Unis disposent de 38 appareils d'IRM pour un million d'habitants, on en recense 14,9 pour un million d'habitants au Brésil et 11,4 pour un million d'habitants en Turquie.)

Les cliniques comme celle d'Ariane ont souvent du mal à acheter l'équipement médical nécessaire pour dispenser des soins de santé de qualité aux patients. Le problème, c'est le prix : un appareil d'IRM standard coûte entre 1,5 et 2 millions de dollars. Sans le soutien d'un prêt bancaire, cet équipement est souvent hors de portée des centres médicaux et des cliniques d'Afrique subsaharienne. Par ailleurs, certains fabricants ne connaissent pas bien le marché africain ni le niveau de risque lié au financement, ce qui limite les ventes de leurs équipements dans cette région.

Résultat ? De nombreux Africains n'ont pas accès aux services de santé, tandis que les interventions chirurgicales, les examens et les traitements sont souvent annulés ou reportés, et les séjours dans les hôpitaux se prolongent. Parfois, les patients doivent parcourir de longues distances pour recevoir les soins dont ils ont besoin, souligne Jean-Claude Kouassi, directeur financier de la Polyclinique centrale d'Abobo. Cette situation peut être à risque sur le plan médical et très angoissante pour les personnes qui ont besoin de soins urgents.

Afin de remédier à ces difficultés, IFC s'est associée à des institutions financières africaines et à des fabricants de matériel médical du monde entier pour créer le Programme pour l’accès aux équipements médicaux en Afrique (ou AMEF pour Africa Medical Equipment Facility). Ce programme aide les petits et moyens prestataires de soins de santé en Afrique de l'Est et en Afrique de l'Ouest à obtenir des prêts en monnaie locale pour acheter ou louer les équipements médicaux dont ils ont besoin.

Il comprend aussi un volet d’assistance technique qui vise à aider les PME du secteur de la santé à améliorer le processus d'acquisition d'équipements médicaux, leur gestion financière et la planification des activités.

À la Polyclinique centrale d'Abobo, premier établissement de Côte d'Ivoire à avoir reçu un prêt de l'AMEF, les choses changent déjà, comme l'explique Jean-Claude Kouassi : « C'est un grand avantage pour nous de pouvoir acquérir cet équipement, plutôt que [d'envoyer les patients] dans d'autres quartiers de la ville. »

Les appareils d'échographie sont rares en Côte d'Ivoire, comme dans la plupart des autres pays d'Afrique.

Les appareils d'échographie sont rares en Côte d'Ivoire, comme dans la plupart des autres pays d'Afrique.  

Les appareils d'échographie sont rares en Côte d'Ivoire, comme dans la plupart des autres pays d'Afrique.  

 

Ariane Kouassi Coulibali

Ariane Kouassi Coulibali

Transformer l'accès aux soins

Selon le Pan African Medical Journal, l'accès à l'imagerie médicale avancée par IRM est directement lié à l'amélioration des soins de santé dans les pays en développement.

Pour Bas Rozemuller, responsable de programme pour l'AMEF à IFC, les collaborations avec le secteur privé, à l'image de l'AMEF, peuvent contribuer à améliorer la vie des personnes qui ont besoin d'un meilleur accès à ces équipements et aux soins de santé en général.

Les recherches menées par IFC montrent que de tels partenariats sont indispensables parce que 25 à 30 milliards de dollars de nouveaux investissements seront nécessaires dans les structures de santé (hôpitaux, cliniques et centres de distribution notamment) de manière à répondre à la demande croissante de soins de santé en Afrique subsaharienne. B3] [BR4] 

Le programme AMEF cible l'amélioration de l'accès aux soins en Afrique subsaharienne, car si cette région représente 11 % de la population mondiale, elle concentre 24 % de la morbidité mondiale et n'est à l'origine que de moins de 1 % des dépenses de santé du monde entier. Elle souffre également d'une grave pénurie de personnel médical qualifié, puisque seulement 3 % des professionnels de santé du monde exercent en Afrique subsaharienne.

Dans le cadre des services de conseil de l'AMEF, une évaluation de la qualité de la santé a débouché sur des recommandations qui ont permis d'améliorer les pratiques au sein de la clinique.

Dans le cadre des services de conseil de l'AMEF, une évaluation de la qualité de la santé a débouché sur des recommandations qui ont permis d'améliorer les pratiques au sein de la clinique.

Dans le cadre des services de conseil de l'AMEF, une évaluation de la qualité de la santé a débouché sur des recommandations qui ont permis d'améliorer les pratiques au sein de la clinique.

L'accès aux équipements médicaux peut aussi avoir une incidence sur la fidélisation du personnel de santé. Comme l’a montré une étude, les infirmières d'Afrique subsaharienne craignent de perdre leurs compétences et leurs connaissances parce qu'elles n'ont pas accès aux équipements et aux technologies les plus modernes.

En septembre 2023, dix fabricants d'équipements avaient signé un accord avec l'AMEF. Pour beaucoup d'établissements de santé toutefois, l'acquisition de ce matériel spécialisé n'est pas le seul enjeu. Les services de conseil de l'AMEF peuvent améliorer les processus d'achat, la gestion financière et la planification des activités des petits centres de santé.  

À la Polyclinique centrale d'Abobo, qui a reçu un appareil d'IRM, un scanner et un échographe Doppler, les conseils de l'AMEF ont aussi joué un rôle important. Ils ont permis de guider le choix et l'installation des équipements, et une évaluation de la qualité de la santé a débouché sur des recommandations qui ont amélioré les pratiques au sein de l'établissement.

Ariane Kouassi Coulibali a remarqué que les nouveaux équipements ont transformé l'accès des patients aux soins de santé.

« Les gens viennent d'Abobo, d'Angre, et même de la Riviera [et] de Yopougon », dit-elle. Ces zones sont situées jusqu'à 30 kilomètres de distance, ce qui suppose de longs trajets dans une ville où le trafic routier est très encombré. Elle pense que la demande continuera d'augmenter au fur et à mesure que l'offre de la clinique s'étoffera.

« La clinique évolue tous les jours », assure la sage-femme. « Ils cherchent toujours à améliorer les choses ».

Ariane Kouassi Coulibali estime que la demande de services de la clinique augmentera au fur et à mesure que son offre s'étoffera.

Ariane Kouassi Coulibali estime que la demande de services de la clinique augmentera au fur et à mesure que son offre s'étoffera.

Ariane Kouassi Coulibali estime que la demande de services de la clinique augmentera au fur et à mesure que son offre s'étoffera.

Publié en décembre 2023.

L'AMEF bénéficie du soutien du gouvernement norvégien, du Guichet de promotion du secteur privé de l'Association internationale de développement (IDA-PSW) et du Mécanisme de financement mondial pour les femmes, les enfants et les adolescents (GFF). Il fait partie de la Plateforme mondiale pour la santé d’IFC, lancée pour aider les pays en développement à lutter contre la pandémie de COVID-19 et à renforcer la résistance de leurs systèmes de santé.