Tous les jours durant la saison du karité, Hawa Sidibé doit marcher environ quatre à sept kilomètres pour collecter des noix de karité et les vendre aux négociants. En tant que présidente de la coopérative de karité de la localité de Gouandiaka, à Sikasso, au sud du Mali, le manque de moyens de transport permettant de se rendre dans les champs représente l’un des nombreux défis auxquels les membres de la coopérative et elles font face au quotidien alors qu’elles essaient de gagner leur vie.
Jusqu’à récemment, trouver des acheteurs réguliers pour leurs noix de karité constituait encore un autre défi de taille. Pourtant, ce n’est pas la demande qui manque : le Mali est le deuxième plus important producteur d’amandes de karité au monde, avec une production couvrant approximativement 20% de la demande mondiale. Le beurre de karité est très prisé dans le secteur de la cosmétique et dans l’agroalimentaire, d’autant plus qu’il est utilisé comme principal substitut au beurre de cacao.
Cependant, l’inexistence d’industries modernes et de technologies oblige le Mali à vendre directement ses noix de karité, sans pouvoir les transformer industriellement. Ainsi, une grande partie de la production du pays est vendue en l’état ou transformée localement de manière artisanale en beurre de karité, à faible valeur ajoutée. Cette situation écarte le pays d’un marché de beurre de karité industriel très lucratif et à forte croissance. Pour un pays comme le Mali, touché par des conflits, où 40% de la population vit dans la pauvreté, c’est un manque à gagner (surtout pour des millions de personnes les plus démunis, notamment les femmes en milieu rural, qui travaillent dans la chaîne de valeur du karité malien).
Le Mali est le deuxième producteur mondial de noix de karité, représentant 20 pour cent de l'approvisionnement mondial.
Afin de soutenir ces fermières, IFC (Société Financière Internationale) octroie un prêt de 2,5 millions de dollars US à Mali Shi, une entreprise de transformation d’amandes de karité située à la périphérie de la capitale malienne, Bamako. Le financement permettra à Mali Shi de construire la première usine moderne de transformation du beurre de karité du pays, et ainsi accroître les revenus des 120.000 producteurs d’amandes de karité qui fournissent l’entreprise. Plus de 95% de ces producteurs sont des femmes pour qui, avoir un moyen de subsistance sûr est primordial, d’autant plus qu’il leur permet de payer les frais de scolarité de leurs enfants et assurer les dépenses du ménage.
Dans le cadre de ses efforts pour renforcer les capacités du Mali à valoriser localement les amandes de karité, IFC formera une centaine de coopératives dirigées par des femmes travaillant avec Mali Shi, en techniques commerciales, en finance et gestion. L’assistance technique de l’IFC permettra aussi à Mali Shi d’améliorer ses performances en matière d’efficacité énergétique, de gestion environnementale et sociale, de traçabilité de ses produits ainsi que le respect des normes internationales d’hygiène alimentaire.
Cet investissement dans la société Mali Shi bénéficie également du soutien du guichet dédié au secteur privé du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP), géré par l’IFC, avec l’appui des gouvernements d’Australie, du Canada, du Japon, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Le financement du GAFSP permet à l’IFC d’investir dans des projets plus risqués ayant un fort impact sur le développement.
En plus du financement, IFC offrira une formation aux membres des coopératives dirigées par des femmes qui travaillent avec Mali Shi.
Des efforts conjoints pour moderniser une industrie
En parallèle des efforts de l’IFC, la Banque mondiale appuiera également des coopératives de karité à travers des subventions ciblées pour leur permettre d’acquérir des équipements, de construire des entrepôts de stockage, et de bénéficier d’une formation technique pour améliorer la qualité des amandes à transformer. Ce programme d’appui vise à professionnaliser les coopératives de karité du Mali et à accroître leurs revenus sur le long terme.
Pour un pays comme le Mali, classé 182ème sur un total de 188 pays à l’Indice de développement humain 2018 des Nations Unies, le renforcement de la productivité du secteur agricole est une priorité. 90 % de la population pauvre vit en milieu rural et les sécheresses ainsi que les conflits que le pays a connus ces dernières années n’ont fait qu’aggraver la pauvreté.
En juin 2018, les engagements de l’IFC au Mali, y compris dans les secteurs de la finance, des infrastructures et de l’agro-industrie ont atteint 31,2 millions de dollars US.
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Publié en avril 2020