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Philippe Le Houérou : la volonté de placer le développement au cœur de l’action d’IFC

septembre 29, 2020

John Donnelly

Au début du mois de septembre, par un matin de fin d’été étonnamment frais pour Washington, Philippe Le Houérou, directeur général d’IFC depuis quatre ans et demi, a réuni son équipe pour une réunion Webex. Virtuelle ou non, ce sera notre dernière rencontre, a-t-il annoncé à la mosaïque de visages d’hommes et de femmes qu’il a pratiquement tous recrutés. L’heure de la retraite a sonné et ce sera le dernier jour de septembre.

Philippe, comme tout le monde l’appelle, son nom de famille étant difficile à prononcer pour les non-francophones, a rappelé en préambule à son équipe la nécessité de rester soudés et de perpétuer sa fameuse stratégie « IFC 3.0 », axée sur la création de nouveaux marchés. Les maîtres mots ? Anticiper davantage, faire preuve d’esprit d’entreprise, développer les outils analytiques et, après avoir clairement identifié les besoins des pays, monter des projets (parfois de toutes pièces) capables d’attirer plus d’investissements privés, en particulier dans les pays les plus pauvres et fragiles.

Philippe Le Houérou tours the Hawassa Industrial Park in Hawassa, Ethiopia in 2018.
Philippe Le Houérou en déplacement dans le parc industriel de Hawassa (Éthiopie) en 2018.

Une fois ces recommandations formulées, les échanges ont pris un tour plus personnel. Certains ont reconnu avoir eu du mal, au début, à accepter sa stratégie (« il a vraiment fallu nous houspiller »), mais tous affirment être désormais convaincus de son bien-fondé. Tel participant a rappelé comment Philippe insistait toujours pour faire, à juste titre, le distinguo entre « investissement du secteur privé » et « développement du secteur privé ». Tel autre a évoqué ses principes, parfois rudes, en matière de recrutement, qui ont permis de constituer une équipe à la fois plus talentueuse et moins uniforme : « en diversifiant IFC, vous l’avez fait évoluer. »


Philippe Le Houérou avec du personnel d’IFC à Mookgopong (Afrique du Sud) en 2018.

Ce départ confirme ce que nous savons tous : on ne réalise vraiment ce que l’on a qu’une fois ce quelque chose perdu… Philippe a été le 12e directeur général d’IFC, le seul Français et l’unique vétéran de la Banque mondiale. C’est aussi l’un des rares à avoir grandi dans un pays en développement (il a vécu dans plusieurs pays d’Afrique). Et c’est grâce à son pouvoir de conviction que les actionnaires d’IFC ont triplé leur mise !

Les faits sont là, mais l’homme ne se résume pas à cela : ils ne disent pas tout de sa forte personnalité, tour à tour tempétueuse ou charmante, ni de sa volonté de fer ; de son entêtement ni de son désir inébranlable de privilégier les changements existentiels qui, pour le paraphraser, placent le développement au cœur d’IFC et IFC au cœur du développement.


Philippe Le Houérou et Roberto Negro, PDG d’Exolgan, à Buenos Aires (Argentine) en 2016.

Philippe a pris sa retraite après avoir assuré la direction d’IFC pendant quatre ans et demi. Il a construit une nouvelle stratégie et remodelé l’institution. « Sans la phase d’exécution, une vision reste une illusion », se plaisait-il à répéter. Aujourd’hui, il incombe à son équipe de faire vivre cette ambition.

Publié en septembre 2020